Soigner le corps autant que l’esprit : un jardin urbain pour les patients en dialyse
Soignants et patients à l’unisson dans leur jardin. De g. à dr. : Roger Cadieux, Denis Dion, Isabelle Nadeau, Pierre Duhamel, Olivier Diec.
Grâce à l’initiative du néphrologue Olivier Diec, médecin à l’hôpital Charles-Le Moyne en Montérégie, un petit jardin communautaire a vu le jour dans le stationnement de son centre de dialyse.
Le petit jardin composé de 6 bacs de bois occupe maintenant l’équivalent de 3 cases de stationnement permettant ainsi aux quelque 400 patients qui fréquentent la clinique par année de briser leur isolement et de retrouver le goût de bien s’alimenter.
Notre rédactrice Elke Henneberg (EH) s’est entretenue sur le sujet avec le Dr Olivier Diec (OD) et madame Isabelle Nadeau (IN), nutritionniste.
EH : D’où vous est venue l’idée de créer ce jardin communautaire à la clinique?
OD : Les patients doivent se déplacer au centre de dialyse plus de 12 heures par semaine, je devais donc trouver une solution pour rendre cette expérience positive. Après avoir beaucoup entendu parler des jardins communautaires à Montréal, j’en ai conclu que ce type de jardins pourrait être une bonne idée pour briser l’isolement de nos patients.
IN : Nous avons trouvé également que le jardin communautaire permettait de faire un lien parfait entre les cours de cuisine et les brochures « Osez les saveurs » que nous offrons à nos patients. Un autre point positif, les patients n’ont pas à se pencher pour cultiver les plants puisque les bacs se situent à leur hauteur.
OD : Une fois l’idée du projet trouvée, nous avons fait une estimation des coûts de fabrication et de main-d’œuvre. Heureusement pour nous, la fondation de l’hôpital a trouvé qu’il s’agissait d’une bonne idée et nous a donné les fonds nécessaires pour le réaliser.
EH : Quelles ont été les réactions des patients et de vos collègues?
IN : Les patients étaient vraiment surpris lorsqu’ils ont vu les bacs pour la première fois. Ils ne croyaient pas que ceux-ci leur appartenaient, mais ils se sont rapidement mis à travailler pour les entretenir.
Le jardin est devenu tellement populaire que nous avons dû mettre des pancartes pour mentionner qu’il appartenait uniquement aux patients de la clinique. Effectivement, plusieurs personnes arrêtaient et récoltaient elles-mêmes les produits. Le côté positif est que le jardin fait parler de lui. Depuis l’installation jardin communautaire, les gens prennent le temps de poser des questions à propos de la clinique.
OD : Aussi, plusieurs collègues travaillant dans d’autres départements pensent reprendre l’idée pour des patients souffrants de différentes maladies, telles que le diabète.
EH : Selon vous, quels sont les effets positifs de ce jardin communautaire?
OD : L’esprit de rassemblement et de socialisation est ce qui ressort le plus de ce projet. Il s’agit d’un nouveau sujet de discussion entre les patients et les soignants. Ils en profitent pour partager leurs expériences de jardinage et de cuisine. Plusieurs patients vivent seuls, cette expérience brise donc également l’isolement.
IN : Je crois qu’il y a également un volet éducationnel. Le jardin permet aux patients en dialyse d’essayer de nouveaux produits. Aussi, il n'y a pas vraiment de légumes complètement interdits. C’est la quantité qui fait la différence. Nous avons le même message dans « Osez les saveurs », « Mangez des produits variés, mais avec modération! ». Nous voulons que les patients aiment manger tout en appréciant de nouveaux aliments.
EH : Que faites-vous avec les produits récoltés?
IN : Nous les partageons! Les produits sont distribués entre les patients, ainsi que leurs familles et les employés de la clinique. Les professionnels qui nous ont aidés dans notre projet profitent également de notre récolte. Notre première année a été un véritable succès!
Petite suggestion : « Osez les saveurs» pourrait également nous donner quelques conseils sur la façon de cuisiner les produits récoltés et la façon de conserver ceux-ci…
EH : Aimeriez-vous ajouter quelques commentaires?
OD : Nous croyons que l’idée de faire un jardin communautaire peut facilement être adaptée pour différents projets, et ce, n’importe où. Nous demeurons disponibles à partager notre expérience et à offrir des conseils à quiconque voudrait débuter un projet similaire.
IN : Si nous avons pu créer un jardin comme celui-ci à la clinique, vous pouvez facilement le reproduire à une plus petite échelle sur votre balcon à la maison.
EH : Je vous remercie d’avoir partagé votre succès avec moi!
* Le jardin communautaire a été rendu possible grâce aux professionnels d’une compagnie spécialisée en culture urbaine. Chacun des bacs possède une toile à l’intérieur pour retenir la
terre et le compost. L’hiver, les bacs sont remisés à l’intérieur d’un garage et réutilisés l’année suivante.
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